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ESTIMATION: 25000 / 30000 €
Sublime petite arquebuse à rouet de 860 mm de long par Hieronymus Borstorffer, armurier à Munich (qui exerça en tant que Compagnon dès 1596 il devint Maître en 1598, à partir de 1604 il travaille presque exclusivement en tant qu’Armurier de la Cour pour les Princes électeurs Maximilien et Albrecht). Canon cylindrique de 625 mm de long au calibre très petit comme usuellement sur ces armes de 60 balles à la livre (âme lisse). Le canon cylindrique en acier est décoré d’une frise florale à fond doré au niveau du tonnerre ou se trouve le poinçon du Maître « H.B »en lettres majuscule, le canon porte ensuite une série de flutes à fond doré, un autre cartouche floral, une autre suite de flûtes identiques et un dernier décor floral au niveau de la bouche. Tous les fonds de ces décors sont dorés à l’or moulu. Belle platine gravée avec finesse d’une scène du Jardin d’Eden ou, sous la surveillance d’une licorne et d’un lion, Adam et Eve contemplent le serpent enroulé autour de son arbre. Dans le dos d’Eve, on remarque divers animaux dont un cheval, un bouc et un éléphant. Bassinet à couvre bassinet, bride de roue avec un décor découpé en coeur, ressort de chien guilloché, chien gravé sur ses flancs de feuillages. Belle monture en noyer se prolongeant jusqu’à la bouche, incrustée de volutes et de cartouches. Riche décor gravé sur plaques et filets incrustés d’ivoire de morse (Odobenus Rosmarus). La présence confirmée d’ostéodentine (dentine secondaire), aux nodosités reconnaissables est une caractéristique morphologique probante constitutive de l’ivoire de morse (cf. ill. UV).
Sur les flancs de la crosse à droite cerf et biche au repos, à gauche cerf et chiens de meute affrontés. La pièce de pouce représente une polissonnerie sous la forme d’un personnage épicurien vu de dos d’une grande souplesse. A l’emplacement de la contre-platine, une plaque d’ivoire de morse représente un chasseur lutinant sa compagne adossée à un buisson, ses chiens attachés à un arbre, regardent, désespérés un lièvre s’enfuir, le texte suivant à la base complète la scène « Er richt reklein nach dem faun ernst noilt so facht er schon fraun ». Les goupilles de crosse sont habillées d’incrustations de serpents de mer lovés et affrontés, des entrelacs incrustés également en ivoire de morse, décorent tous les plats de la monture sauf le fût de l’arme. Une très belle plaque gravée selon la technique du schrimshaw montre un chasseur musicien armé de son coutelas et d’une cabrette discutant avec une servante d’auberge dont la main tient un pot de bière. Détente directe, pontet à repose doigts, la crosse au niveau de la plaque de couche est enroulée en volutes supérieures et inférieures, le centre est concave et l’emplacement du dos de la crosse est habillé par un cylindre rappelant un bâton de maréchal en ivoire de morse massif à décor spiralé. Baguette bois à embout en ivoire de morse postérieure (d’un plus gros diamètre que l’âme du canon). Mécanisme fonctionnel.
Arme d’une qualité remarquable, originale tant par ses proportions que par son décor peu conventionneL.
Etat 1-
Arme de Catégorie D
Spécimen composé de matière issue d’un animal protégé à l’annexe II/B Cites/UE (règlement (CE) n° 338/97). Spécimen travaillé, prélevé avant le 21 mai 1992.
Il appartient à l’acquéreur de faire toutes les démarches de mise en conformité avec la législation en vigueur dans le pays de destination en cas d’exportation ou ré-exportation hors UE.
Artemis Estimations, 6 rue Ancel 602000 Compiègne, Monsieur Pierre Grignon Dumoulin, expert de justice près la Cour d’Appel d’Amiens, 06 09 83 33 29, www.artemisestimations.com
Commentaire stylistique :
Les armes de prestige munichoises du début du XVIIème siècle sont célèbres pour le raffinement de leurs décors. La gravure en relief à fond d’or du canon est typique de cette production d’élite. Hieronymus Borstorffer (actif entre 1597 et 1637), travaillant en collaboration avec de grands fabricants tels Daniel Sadeler (actif entre 1602 et 1632) ou Caspar Sät (vers 1611-1691) fut l’un des plus fameux artistes spécialisés dans l’incrustation d’ivoire sur les armes destinées non seulement aux princes électeurs de Bavière, mais également aux cours européennes. L’utilisation d’ivoire de morse est très intéressante car rare dans la production. elle peut s’expliquer notamment par la présence de l’animal sur les côtes Nord du Pays ainsi que par les rapports entre les principautés germaniques et les royaumes scandinaves du Nord.
Notre arme présente dans ses décors les rinceaux à enroulements typiques du travail de Borstorffer.
Éléments comparatifs en collections publiques :
– Turin, Armeria Reale, Inv. 0100217096-1.6, pour une arme proche à décor de Vénus pleurant Adonis mourant
– Munich, Bayerisches National Museum, W 622, pour une arme proche ayant appartenu à l’électeur Maximilien 1er de Bavière
– New York, Metropolitan Museum of Art, 14.25.1396, pour une arme proche datée vers vers 1610-1630, fruit de la collabration entre Borstorffer et Sadeler
– New York, Metropolitan Museum of Art,14.25.1397, fruit de la collabration entre Borstorffer et Sadeler
– Londres, Wallace Collection, A1090, pour un fusil réalisé vers 1620 par Borstorffer et Sadeler, monogrammé HB
– Aylesbury, Waddesdon Manor, 5172, Pour une arme réalisée par Georg Müller et Borstorffer, monogrammée HB
– Stockholm, Livrustkammaren, 13069_LRK, Pour une arme ayant appartenu au roi Gustav II adolphe de Suède, monogrammée HB
– SUEDE, Armurerie du chateau de Stockloster, Inv. n° 5465, pour une arme monogrammée HB