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ESTIMATION: 600 / 800 €

WRIGHT, Fanny (1795-1852), future citoyenne américaine, libre-penseuse et féministe écossaise. Aboli-tionniste fervente, elle rejoint Lafayette père et fils au États-Unis pour leur tournée triomphale et y resta, avec sa soeur Camilla. Ensemble de 8 L.A.S. « F.W. » ou « F Wright ». Le Havre, La Grange et Monticello, 1824 et s.d. 17 pp. in-8 ou in-4. Orthographe fantaisiste. Minimes défauts de papier.

Quelques extraits :
-11 juin 1824 : Fanny Wright se confie à son ami Pagès à la veille de son départ pour l’Amérique. Longues explications consacrées à sa relation houleuse avec son père, qu’elle quitte : « Je vais en Amérique mais croira-t-on que j’y vais seulement revoir le pays. Le vrai but sera vu de tout le monde et nous n’aurions que le ridicule d’avoir voulu cacher ce qui sera clair comme le jour [] ». (Le Havre. 2 pp. ½ in-4).
-18 juin 1824. Long courrier autobiographique consacré à son enfance difficile, ses souffrances, sa petite soeur Camilla, la mort de sa mère « dont la perte fit mourir de douleur mon père []. Quand on me parle de ma soeur, toutes ses circonstances que je n’ai apprises que peu de temps avant mon voyage de l’Amérique, dans un pèlerinage fait au tombeau de mes parents, toutes les souffrances aussi de ma malheureuse en-fance que je supportais encore pour consoler et protéger celle d’un enfant encore plus jeune [Camilla], tous ces souvenirs et bien d’autre encore viennent troubler ma raison []. Puis Fanny évoque sa carrière litté-raire, etc. (S.l. 4 pp. in-8. Ratures).
-25 [28 ?] juillet 1824. Elle se désole de quitter la France sans avoir vu Pagès et précise son adresse New-Yorkaise afin de recevoir des courriers, aux soins de « M. Charles Wilkes », à remettre chez « M. Barnett Consul américain », faubourg Saint-Germain. (Le Havre. 1 p. ½ in-8).
-15 décembre 1824. Exceptionnel courrier expédié depuis Monticello. Passionnant portrait de Thomas Jefferson âgé, chez lui, dans son domaine de Monticello : « Votre lettre est venue nous trouver dans un lieu sacré []. Avec quel intérêt vous contempleriez ce vieux patriote qui a su réunir les deux caractères d’un philosophe et d’un homme d’état et qui fixa si non les institutions du pays qui doivent leur existence et consistance au peuple lui-même. [] A l’âge de quatre vingt deux ans M. Jefferson conserve toute la vigueur de son esprit, mais des maladies violentes et successives lui ont ôté beaucoup de sa force physique. Rien de plus intéressant que de voir notre respectable ami au côté de son vieux confrère [Lafayette] et d’écouter leur réminiscences d’évènements et d’hommes historiques. Mais que ce plaisir est mêlé de tristesse ! Encore quelques an-nées et on ne trouvera plus sur cette montagne l’auteur de la déclaration de l’indépendance, le père de la liberté américaine [] ». Il évoque les journalistes et gazettes américaines, les républicains et la monarchie, « c’est un honneur rendu à la nation française que le tribut rendu ici aux vertus d’un ci-toyen français – et ce qui est honorable pour la nation doit être bien vu par le gouvernement [] », etc. Elle annonce son départ avec Camilla pour les montagnes, avant de retrouver Lafayette à Washington. (2 pp. ¼ in-8).
Etc.

On joint : L.A.S. de Charles Philibert de Lasteyrie du Saillant (1759-1849), adressée à Pagès. 6 novembre 1824. « [Je] vous ai écrit pour vous annoncer de la part de Miss Wright son arrivée à New-York [] ».